"Tout là-haut, tout là-haut, loin de la route sûre,<br />
Des fermes, des vallons, par delà les coteaux,<br />
Par delà les forêts, les tapis de verdure,<br />
Loin des derniers gazons foulés par les troupeaux,<br />
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L’eau, nuit et jour, y dort dans un repos sublime,<br />
Et n’interrompt jamais son silence orageux.<br />
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Sur ces monts où le vent efface tout vestige,<br />
Ces glaciers pailletés qu’allume le soleil,<br />
Sur ces rochers altiers où guette le vertige,<br />
Dans ce lac où le soir mire son teint vermeil,<br />
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Sous mes pieds, sur ma tête et partout, le silence,<br />
Le silence qui fait qu’on voudrait se sauver,<br />
Le silence éternel et la montagne immense,<br />
Car l’air est immobile et tout semble rêver.<br />
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On dirait que le ciel, en cette solitude,<br />
Se contemple dans l’onde, et que ces monts, là-bas,<br />
Écoutent, recueillis, dans leur grave attitude,<br />
Un mystère divin que l’homme n’entend pas."<br />
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Morceaux choisis d'un poème intitulé " INCOMPATIBILITE" du jeune C. Baudelaire se promenant à 17 ans dans les Pyrénées...